La lactogenèse est la modification de la glande mammaire qui permet le démarrage de la lactation, de sorte que le veau est assuré d'une alimentation précoce à tout moment de l'année. La lactogenèse comprend la transformation d'un épithélium non sécréteur, chez la vache tarie, en un épithélium sécréteur.

LES DEUX ÉTAPES DE LA LACTOGENÈSE

La lactogenèse se déroule en deux étapes :

Stade I ou colostrogenèse : avant le vêlage, la synthèse et la sécrétion du lait sont très limitées. La colostrogenèse coïncide avec la sécrétion du colostrum et la période d'absorption des immunoglobulines du sang maternel. Cette phase peut être très variable selon les espèces ; par exemple, chez les ruminants, elle peut commencer jusqu'à trois mois avant la mise bas. La synthèse du lactose, quant à elle, ne commencera pas avant le stade II.

Stade II : à ce stade, le lait contient déjà tous ses composants et la sécrétion est abondante. Chez la vache, ce stade débute environ 4 ou 5 jours après le vêlage.

Le passage de la sécrétion du colostrum au lait normal est progressif. Quatre à cinq jours après la naissance, la composition de la sécrétion lactée est déjà très différente de celle du colostrum, dès les premières 24 heures. En outre, la concentration d'immunoglobulines diminue considérablement après 24 heures et continue à diminuer jusqu'à ce que la concentration d'immunoglobulines dans le lait soit presque nulle.

Le "lait colostral" est produit à un stade intermédiaire entre la sécrétion du colostrum et celle du lait (c'est pourquoi il est également appelé "lait intermédiaire"). D'un point de vue technique et juridique, il n'est pas considéré comme du lait et ne doit donc pas être commercialisé. Selon la région et le pays, cette interdiction peut être prolongée jusqu'au 6^ème ou 7^ème jour.

LE COLOSTRUM EST LA PREMIÈRE PRODUCTION MAMMAIRE.

Le colostrum est la première sécrétion liquide produite par la glande mammaire immédiatement après la naissance. Il s'agit d'un liquide épais de couleur jaunâtre dont l'éjection peut commencer pendant le vêlage, ou même avant, et dont la production se poursuit pendant quelques jours après le vêlage.

Le taux de progestérone de la vache marque le début de la sécrétion du colostrum d'abord et du lait ensuite. La concentration de cette hormone diminue au moment du vêlage, ce qui stimule le début de la lactation. Mais la progestérone n'est pas le seul stimulus, d'autres substances et hormones activent également la lactogenèse, comme la prolactine, les glucocorticoïdes et le lactogène placentaire (homologies avec la prolactine).

Au début de la lactation, la glande mammaire acquiert la capacité d'absorber de grandes quantités de substances provenant du sang (Barrington et Parish, 2001), qui sont très importantes pour la composition et les fonctions du colostrum.

Les composants du colostrum et du lait proviennent en partie du sang de la vache, et sont en partie synthétisés dans les cellules des alvéoles glandulaires de la mamelle.

Le colostrum et le lait colostral sont les premières sources de nutriments pour le veau après la naissance. Ils contiennent une grande quantité d'énergie (graisse et lactose), de protéines, de vitamines et de minéraux dont le veau a besoin pour ses fonctions métaboliques, sa croissance et le développement de son système immunitaire. Le colostrum est l'exemple le plus important d'immunité passive, car c’est une source importante d'immunoglobulines (Ig) ou d'anticorps, dont l'absorption au niveau digestif est essentielle pour protéger les veaux contre tous les types d'infections, en particulier les infections entériques, qui sont la principale cause de mortalité au cours des premières semaines de vie des veaux (McGrath and al. 2016 ; Moraes,2000)

Les constituants immunitaires du colostrum comprennent non seulement des niveaux concentrés d'anticorps mais également de nombreuses cellules immunitaires (cellules B, cellules CD, macrophages et neutrophiles), qui sont pleinement fonctionnelles après l'absorption par le veau (Riedel-Caspari et Schmidt, 1991).

Les immunoglobulines du colostrum proviennent du sang ou sont produites par les plasmocytes locaux. Leur transport nécessite la formation d'un complexe récepteur-immunoglobuline contenu dans une vésicule endocytaire qui est transportée à travers le cytoplasme jusqu'à la membrane apicale où elle déverse son contenu dans la lumière alvéolaire (Cortese, 2008).

On dispose de plus en plus d'informations sur le colostrum, notamment en ce qui concerne ses effets à court et à long terme sur le veau.

Le transfert de l'immunité passive de la mère au veau via le colostrum a non seulement un rôle important pour réduire la mortalité et la morbidité du veau avant sevrage (Rischen, 1981, 1995 ; Robison et al., 1998 ; Constantin,2022), mais il a également des effets très positifs à long terme sur la santé et la production future du veau (Faber et al., 2005 ; Dewell et al., 2006 ; Pardon, 2015) et donc sur l’économie de l’élevage (Raboisson, 2016).

Il faut néanmoins noter qu’un bon transfert colostral s’il est indispensable doit malgré tout s’inscrire dans une démarche globale d’approche de la santé du veau, aux côtés notamment de l’hygiène, de l’ambiance, du confort ou de la protection vaccinale (Thompson,2022).

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